Rapport annual 2017 / 2018

La question qu'est-ce que le libéralisme et que devrait-il être est aussi vieille que le libéralisme lui-même. Chaque jour une bataille fait rage sur Twitter sur l'exégèse de ce noble terme. Nous n'alimenterons pas cette bataille ici avec notre propre définition universelle du libéralisme. Nous voulons plutôt définirce que le libéralisme signifie pour Opération Libero sur la base de notre attitude face au pouvoir.

Les conservateurs soutiennent habituellement le statu quo, les relations de pouvoir d'aujourd'hui et parfois celles d'hier. Les marxistes veulent renverser l'équilibre du pouvoir. Les puissants doivent être privés de pouvoir et remplacés par les impuissants. Les libéraux, pour leur part, se méfient fondamentalement du pouvoir, car trop de pouvoir pour un seul signifie trop peu de liberté pour tous les autres. 

Cette méfiance à l'égard des concentrations excessives de pouvoir se reflète dans la construction de toutes les formes libérales de gouvernement, en particulier en Suisse. Tout pouvoir dans l'appareil de l'Etat est contrebalancé par un ou plusieurs contre-pouvoirs. Le Parlement contrôle le Conseil fédéral, le Conseil national contrôle le Conseil des États et vice versa, le peuple contrôle le Parlement et la CEDH permet aux tribunaux de protéger les individus contre tout abus de pouvoir de la part de l’État. Cette méfiance institutionnalisée a pour effet paradoxal de créer de la confiance. Nous pouvons passer nos vies avec la certitude que personne ne peut nous opprimer - non pas parce que personne ne veut nous opprimer, mais parce que personne ne le peut. Bien sûr, nous n'aurons cette certitude que tant que ces institutions fonctionneront et tant qu'il n'y aura pas de nouvelles concentrations de pouvoir qui ne sont pas prévues par nos institutions. En tant qu'organisation libérale, nous assurons le fonctionnement des institutions en repoussant les attaques contre les contre-pouvoirs institutionnels. Dans la bataille contre l'initiative No Billag, nous avons plaidé en faveur d'une information indépendante, une condition préalable pour que le peuple puisse fonctionner comme contre-pouvoir au parlement et au gouvernement. Dans la campagne actuelle contre l'initiative "pour l'autodétermination", nous faisons campagne, entre autres, pour la CEDH, qui nous protège des abus de la part de l'État.

Cette année, nous avons également lutté en coulisse contre les concentrations de pouvoir. L'an dernier, certains membres du groupe de travail sur l'économie mondiale ont fait pression sur le Parlement pour qu'il adopte des normes efficaces garantissant le respect des droits humains par les entreprises suisses dans les pays où la protection des droits fondamentaux n’est pas garantie.

Car dans les espaces de non-droit, les individus sont abandonnés à la merci due la loi du plus fort. Le groupe de travail sur les politiques en matière de drogues a également fait pression sur le Parlement en faveur d’une loi plus libérale sur les stupéfiant, qui réglementerait le cannabis au lieu de le criminaliser. Quiconque pense que cela n'a rien à voir avec la lutte contre les concentrations de pouvoir devrait essayer d'opprimer quelqu'un sous l'effet du cannabis. Plus sérieusement, il s'agit ici de créer des rapports de force. La loi vise à encadrer la consommatrice inoffensive de cannabis plutôt que de la poursuivre en justice. 

Le défi pour l'avenir consistera non seulement à défendre les institutions qui nous protègent des anciennes concentrations de pouvoir, mais aussi à identifier de nouvelles concentrations de pouvoir et à mettre en place des contre-pouvoirs appropriés. Un exemple est la croissance rapide des grands groupes technologiques, qui tendent à former des monopoles et qui, en peu de temps, ont assumé un rôle central dans notre vie sociale, politique et économique. Ces concentrations de pouvoir peuvent être endiguées, notamment par un renforcement du droit de la concurrence, une meilleure protection des données personnelles ou par la création d'un contre-pouvoir grâce à la coopération internationale. Le groupe de travail sur la numérisation, qui a été créé cette année, se concentrera sur la protection des données personnelles et sur les moyens par lesquels l'évolution technologique peut conduire à une plus grande liberté individuelle plutôt qu’à une concentration du pouvoir. 

A ces nouvelles concentrations de pouvoir, nous pouvons également ajouter des rapports de domination qui existent depuis longtemps mais qui n'ont pas encore été brisés. Le pouvoir des hommes sur les femmes, le pouvoir des ressortissants suisses sur les ressortissants étrangers, le pouvoir de la génération d'hier sur celle de demain.

Il existe donc une large gamme de pouvoirs dominants que nous sommes prêts à briser dans les années à venir. Quand les choses deviennent difficiles, c'est le signe que nous allons dans la bonne direction, parce que les concentrations de pouvoir sont... des adversaires puissants.

Opération Libero est un trésor de têtes d'enfants et de têtes pensantes pleines d'énergie. Mais aussi un mouvement géré par des professionnelles et des professionnels qui a grandi incroyablement vite et avec succès. Et comme la croissance exige parfois inévitablement aussi un peu de maturité, cette année - en plus des campagnes et du du combat pour la Suisse de demain - a également été marquée par la transformation. 

L'objectif consistait à optimiser les structures professionnelles de l'association tout en renforçant son caractère de mouvement citoyen. Cela peut paraître ennuyeux, mais ça ne l'était pas : nous avons relevé le défi - et cela en valait la peine. 

L'équipe opérationnelle est désormais dirigé par Lydia Toth en tant que directrice générale unique - Philipp Brandenstein s'est également joint à l'équipe, a remplacé Lydia Toth lors d'un long séjour à l'étranger et est désormais engagé en tant que chef de projet. Avec Valentina Spillmann, nous avons pu pour la première fois pourvoir un poste de stagiaire.  Kathrin Gretener lui a succédé au début de l’été. 

Il y a également eu du mouvement au sein du comité directeur national. Aliénor Nina Burghartz, Franziska Barmettler et Stefan Manser-Egli se sont joints à l'équipe, tandis que la présidence, composée initialement de Flavia Keiner, Laura Zimmermann et Nicolas Zahn, est devenue un tandem féminin. Ceci dit, Nicolas Zahn est resté avec nous en tant que membre du comité. Julia Meier, Natanael Rother et Adrian Mahlstein se sont retirés. 

Comme vous pouvez le constater, Opération Libero est toujours en mouvement. Et même si devenir adulte fait partie du jeu, cela nous permet en même temps de rester en forme. 

Et ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas devenus gris et rigides : ce rythme nous entraîne toujours jusqu'au bout de la nuit...

Il est clair que sans notre équipe de bénévoles militants, Opération Libero n'aurait pas été en mesure d'enchaîner ses succès l'an dernier. Cela ne serait pas possible sans toutes les personnes qui travaillent avec nous pour la Suisse de demain. C'était particulièrement évident dans les campagnes : nos militantes et militants ont bravé le froid glacial dans la bataille contre "No Billag" pour distribuer des flyers, convaincre les passants, inonder de commentaires et de courriers de lecteurs les colonnes des médias en lignes et des journaux. Ensemble, nous avons tenu tête aux promoteurs de l'initiative. Cet été, des militantes et militants se sont déguisés en mariés sous le soleil caniculaire dans un établissement balnéaire pour faire avancer la cause du mariage pour toutes et pour tous. L'Équipe de demain est revenue à l'attaque dans la campagne de votation contre la dangereuse initiative "pour l'autodétermination" de l'UDC. 

Et bien évidemment, beaucoup de choses se sont passées en dehors des grandes campagnes : les comités directeurs de l'association nationale et des sections régionales travaillent de manière intense au développement de nos structures associatives afin d'intégrer dans les meilleures conditions nos militantes et militants dans nos projets et nos campagnes. Par ailleurs, une équipe de militantes et militants a développé et mis en œuvre avec succès le projet "Couleurs Libero". L'objectif est de porter notre vague rose dans les régions périphériques et de parler Europe en particulier.

Et nous avons encore grandi : aujourd'hui nous avons plus de 1260 membres et 4877 militantes et militants. Ce qui nous réjouit particulièrement. Notre grande équipe comprend de nombreux nouveaux visages venus de toute la Suisse, ainsi que des militantes et militants de longue date. Notre Équipe de demain s’est renforcée, en particulier en Suisse romande : Depuis l'année dernière, nos coéquipiers francophones jouent dans toutes les campagnes et dans toutes les positions. On retrouve désormais leurs maillots roses dans tous les cantons romands.

Notre Équipe de demain s'agrandit et continuera de s'agrandir. Chacun d'entre vous contribue au poids de l’équipe et contribue ainsi à réaliser la Suisse de demain.

Deux ans après la fondation de la section, la couleur s'assèche lentement, le modus operandi est enregistré et la vache est sortie de la glace. Le comité directeur s'est donc lancé dans de nouvelles tâches avec ses membres. Il y avait beaucoup à faire et la première cause menée avec succès, c'était la campagne contre l'initiative "No Billag" : 

Le débat public organisé par la section au Parterre a été un franc succès : notre coordinatrice de campagne et coprésidente, Laura Zimmermann, Jean-Michel Cina, Luca Urgese et Gabriel Barell, ont croisé le fer à Bâle le 30 janvier devant ARTE, Le Monde, ZDF, Le Temps et une centaine de spectateurs. Le résultat final de près de 72 % des votes négatifs parle par lui-même.

Le 5 avril, lors de l'Assemblée générale de la Section de Bâle, il y a eu deux grands Bonjours et un Au revoir tout aussi grand : Francesca Giardina a quitté le comité directeur et la coprésidence pour s'engager auprès d'Opération Libero à Zurich, son nouveau domicile, où elle a rejoint le comité directeur de la section zurichoise. Beat Schenker essaie maintenant de suivre ses traces. Avec Céline Vetter et Fabio Wettstein, la comité directeur a également reçu du sang neuf : en plus de leurs autres engagements auprès d'Opération Libero, ils soutiennent également la section de Bâle. 

Les rencontres thématiques, qui se déroulent alternativement à Bâle-Ville et à Bâle-Campagne, sont de plus en plus populaires. Qu'il s'agisse de votes spécifiques - comme la loi sur les jeux d'argent - ou de questions fondamentales - comme la neutralité d'internet -, le débat porte sur ces questions : Tout le monde est présent et discute objectivement et discipliné sans cligner des yeux au-delà des lignes de parti. Des objets de votation complexes, tels que l'initiative "pour l'autodétermination", sont analysés avec des experts compétents et leur impact possible est examiné de près.

En tant qu'enfants de 1848, notre fête d'anniversaire ne doit pas passer sous silence : En collaboration avec la Nouvelle Société Helvétique, nous fêtions le 170ème anniversaire de notre constitution fédérale le 12 septembre dernier. Un concert très extravagant de Bruno Bieri a précédé les interventions plus profondes d'Amira Hafner-Al Jabaji, de Nora Refaeil et de Regina Wecker. À l'année prochaine ! 

Et maintenant, nous nous engageons aussi à fond contre l'initiative "pour l'autodétermination" en tant que section de la région de Bâle !

"Trop de travail et pas de jeu font de Jack un garçon ennuyeux," affirme un dicton populaire anglais. Ces dernières années, Opération Libero Berne a pris cet adage très au sérieux et s'est fait un nom en tant qu'organisateur de fêtes (d'été) frémissantes. Cette année, pour la première fois, c'est la section zurichoise qui a assumé cette tâche honorable et digne de reconnaissance.

À Berne, l'accent a été mis sur la consolidation et le développement des structures associatives. D'abord et avant tout les rencontres régulières, qui ont gagné en termes d'attractivité. Actuellement, entre 30 et 60 personnes se réunissent lors de ces réunions mensuelles. Sans grandes formalités, nous cultivons l'échange convivial avec des interlocuteurs qui pensent de la même façon ou différemment. Il est toujours fascinant de constater la diversité de la communauté d'Opération Libero. Toutes les tranches d'âge et les différentes origines migratoires y sont représentées. Et, ce qui n'est - malheureusement - pas évident, la forte proportion de femmes. 

Cette année encore, nous avons utilisé les rencontres régulières pour faire avancer les campagnes nationales - en particulier contre l'initiative "No Billag", autour de laquelle nous a rassemblés la coordinatrice de campagne Laura Zimmermann. De plus en plus, il est devenu évident que même les questions qui ne sont pas couvertes par les campagnes nationales d'Opération Libero attirent le public. À l'occasion de l'initiative "monnaie pleine" nous avons fait salle comble lorsqu'un expert en économie nous a expliqué l'objet soumis au vote. Il a suscité des discussions passionnantes et animées. Un autre débat bien fréquenté et animé a été suscité par la présentation du livre d'une journaliste féministe.

Au niveau régional, c'est l'UDC qui nous a occupés une fois de plus avec son deuxième référendum contre le crédit pour l'encadrement des requérants d’asile mineurs. Une large alliance composée de partis de gauche et de droite, des sections jeunesse des partis et d'Opération Libero s'est battue pour une variante raisonnable. Au moment de l'Assemblée générale nationale, la campagne de votation battait encore son plein. Il faut espérer que la raison et la clairvoyance auront finalement triomphé. 

Sur le plan interne : le coprésident Marc Schiess et la coresponsable pour l'événementiel Aleksandra Zdravkovic se retirent du comité directeur d'Opération Libero Berne. Ils laissent leur place pour des forces nouvelles qui contribuent au développement de la Section de Berne et apportent de nouvelles idées. 

Un unique fil rouge qui résumerait pleinement les activités de la section genevoise de cette année est difficile à trouver. Nous nous sommes battus pour un service audiovisuel suisse diversifié et de qualité, menant avec succès notre première campagne contre l’initiative “No Billag” début 2018.

Nous avons engagé une réflexion autour de la question du genre et de la représentation féminine au sein de nos institutions aux côtés d’Isabelle Chevalley, conseillère nationale des Vert’libéraux. 

Nous nous sommes rassemblés autour de notre traditionnelle soirée barbecue au bord du Lac Léman, réunissant plus d’une trentaine de personnes, pour discuter des projets de la section romande.
 

Et nous avons parlé d’Europe, de droit international et européen au sein de nos cafés politiques mensuels avec Denis Masmejan, docteur en droit et journaliste indépendant ou encore Véronique Boillet, professeure au Centre de droit public de l’Université de Lausanne. 

Depuis septembre 2018, nous sommes également activement engagés dans la campagne contre l’initiative dite “pour l’autodétermination”. Nous avons publié des articles, organisé des événements d'information et assisté au communiqué de presse avec notre co-responsable de la campagne, Laura Zimmermann. Ces derniers mois, nous avons parcouru la Suisse romande à la recherche de ce qui intéresse vraiment les citoyennes et citoyens suisses mais également pour susciter des discussions et des débats autour de nouvelles idées parmis un groupe d’intervenants hétérogène. Plus engagés que jamais, nous continuons de nous développer à travers la Suisse romande et notre impact dans la région ne fait que commencer! 
 

C'est une année pleine de défis, d'efforts et de moments de bonheur que laisser désormais derrière la section zurichoise. Notre objectif est de réaliser la Suisse de demain à Zurich. C'est pourquoi nous sommes toujours heureux que de nouvelles personnes se joignent à nous et tiennent tête aux têtes bien connues. Nous leur adressons nos plus grands remerciements - pour chaque flyer distribué, pour chaque like et pour chaque thune dans la caisse !

Le mois de mai, mois chaud, qui annonçait un été encore plus chaud, a été une période de changements pour la section zurichoise. Plus précisément, Aliénor Nina Burghartz, Nina Meili et Benedikt Schuppli ont quitté la section de Zurich. Aliénor Nina a juste changé de rôle chez Libero. Depuis un an, elle s'occupe des questions de politique économique au sein du comité national. Ils ont tous laissé un grand vide, c'est pourquoi cette occasion a été saisie pour sonner le glas d'un changement de génération. C'est pourquoi nous sommes particulièrement heureux que David Caspar, Francesca Giardina, Christoph Iselin, Anna-Patrizia Klemm, Salim Moussa et Valentina Spillmann aient été élus au comité.

Anna-Patrizia, Christoph et David s'engagent depuis longtemps contre l'initiative "pour l'autodétermination" chez Libero et ont assumé cette nouvelle tâche. Francesca et Valentina sont également fidèles à Libero depuis un certain temps - la première en tant qu'ancienne coprésidente de la section de la région de Bâle et la seconde en tant que stagiaire auprès de l'équipe opérationnelle d'Opération Libero. C'est très enrichissant d'avoir pu acquérir une toute nouvelle perspective sur notre organisation avec Salim.

L'une de nos tâches les plus importantes est d'être là pour tous les militants et militants de la région de Zurich. A notre rencontre régulière, qui a lieu tous les deux mois, nous vous informons des dernières nouvelles de Libero et avons l'occasion d'avoir des discussions animées et de répondre aux questions. Cette année, nous avons quitté la ville pour une rencontre et nous nous sommes retrouvés à Winterthour pour une bière. Pour notre AG, nous avons même regardé de l'autre côté de la frontière : Des représentants du mouvement "En Marche" ont raconté à nos membres leurs expériences en France. Un autre point culminant a certainement été le barbecue d'été sur le terrain de la boulangerie avec plus de trente militantes et militants présents et un temps fantastique - un succès total. 

La section zurichoise veille également à ce que les campagnes nationales soient efficaces à Zurich. C'est pourquoi les membres de notre comité directeur participent activement aux divers groupes de travail et équipes de campagne nationaux. Francesca, par exemple, a présidé le groupe de travail "Numérisation" cette année, assurant ainsi que Libero pourra bientôt s'exprimer pleinement sur ce sujet. Ruedi Schneider est co-président et assume également la coordination de la campagne "Mariage pour toutes et pour tous", pour laquelle l'Opération Libero 2018 a été nominée pour le Swiss Diversity Public Award. Anna-Patrizia Klemm, Christoph Iselin et David Caspar sont à l'avant-garde de notre lutte contre l'initiative d'autodétermination. Le comité directeur de Zurich et de nombreux autres membres étaient déjà dans la rue l'hiver dernier lors de la campagne de votation contre l'initiative "No Billag" et défieront à nouveau le froid contre l'initiative "pour l'autodétermination".

2018 a été une année riche en nouveautés pour la section zurichoise. Le fait qu'elles aient abouti nous permet d'envisager les prochaines tâches avec beaucoup d'impatience. Grâce à l'incroyable soutien de tous les militants et militantes, nous savons que nous pouvons nous réjouir de l'année 2019.

C'est une phrase souvent entendue dans les équipes de football à succès quand, grâce à leurs succès, elles jouent sur plusieurs tableaux dans une même saison : "Notre équipe est un peu fatiguée après le programme intensif de ces derniers mois". 

Et parfois nous sommes aussi fatigués (malgré notre extraordinaire consommation de café). Mais nous avons un gros avantage : nous choisissons nous-mêmes nos terrains et nos jeux. Et nous sommes toujours tellement en forme et de bonne humeur quand il s'agit de grands matchs : Opération Libero entre sur le terrain quand il faut tout donner. L'État de droit, la liberté, les acquis. Nous jouons quand nous pensons pouvoir faire la différence et lorsque l’on s'aperçoit que les fondements d'une société libérale font défaut.

Ainsi, par exemple, lorsqu'une question éminemment libérale comme l'ouverture du mariage aux couples du même sexe n'est toujours pas une réalité et que le Parlement s'est endormi. Ou si, comme pour "No Billag", un pilier fondamental de notre démocratie - les médias - pourrait être gravement affaibli. Ou quand, comme dans le cas de l'initiative "pour l'autodétermination", notre Etat de droit est en danger et que nos adversaires veulent que la Suisse viole ses engagements.

Est-ce que Libero va faire quelque chose ? Il ne fait rien ? Pourquoi ne s'exprime-t-il pas ? - Pendant longtemps, la question de savoir si Opération Libero participerait à la campagne de votation sur "No Billag" a fait l'objet d'un débat public. Y compris des signes de menace au cas où nous aurions osé.

Puis vint le 5 décembre 2017. 

Lors d'une conférence de presse au Impact Hub de Berne, nous sommes montés officiellement sur le ring. Avec notre coprésidente Laura, une boisson Club Mate, un visuel fort, un appel aux dons et un message plus clair : cette initiative est une attaque contre notre démocratie. Après d'intenses discussions dans la période qui a précédé l'événement, nous sommes arrivés à la même conclusion à maintes reprises : Non, il ne s'agit pas vraiment de la SSR, mais de savoir si nous continuons à disposer d'un couverture médiatique solide et d'une sécurité de l'information, pilier central d'une démocratie libérale.

Nous sommes donc montés sur le ring parce qu'il s'agissait de beaucoup plus que de la SSR. De toute évidence, une grande partie de la population voyait les choses de la même façon : en une journée, nous avions déjà récolté plus de 130 000 francs, après une semaine, 256 666,69 francs, et finalement, nous avions récolté la somme incroyable de 647 805,59 francs suisses en petits dons. 

Nous avons pu poser des affiches dans toute la Suisse, nous avons même été présents dans certains domaines skiables pendant les vacances d'hiver, nous avons distribué 163 250 flyers, nous avons réalisé des vidéos, nous nous sommes engagés sur les réseaux sociaux et lors d'innombrables débats publics, nous avons tenu tête aux promoteurs de l'initiative à la télévision, nous avons exposé le "Plan B" de ces derniers sous l'appellation de "Plan Bidon" et avons corrigé des idées reçues sur la page de couverture entière de l'édition alémanique de 20 Minutes.

La campagne contre "No Billag" a été longue et intense : rarement une votation n'a suscité autant d'émotions aussi tôt, rarement une votation n'a suscité autant d'engagement dans toute la Suisse. 
L'initiative visait à supprimer l'article 93, alinéa 2, de notre Constitution et ainsi notre couverture médiatique de base. Elle aurait affaibli le paysage médiatique suisse et brisé le service public des médias. 

Comme beaucoup d'autres, nous n'acceptions pas de nous laisser faire : Aux côtés d'Opération Libero, des partis, des comités, des clubs sportifs, des milieux culturels, des musiciennes et musiciens et d'innombrables citoyennes et citoyens se sont mobilisés contre cette initiative. 

Cela en valait la peine : avec un verdict sans appel de 71,6 %, le peuple a dit "non". La bombe que les initiateurs avaient placée à la base du quatrième pilier de la démocratie - les médias - a été désamorcée. Au lieu de nous trouver face à une pluie de débris, nous nous sommes retrouvés sous une pluie de confettis. Laura a amorcé la bombe. Et notre dircom a dansé devant les caméras ;-) 

Les femmes catholiques ont attendu longtemps avant de pouvoir épouser des protestants ; les femmes bourgeoises ont attendu longtemps avant de pouvoir épouser des nobles ; les femmes ont attendu, très longtemps, avant que les hommes ne les laissent voter. Et toujours dans ce pays, dans notre Suisse, d'innombrables amoureux attendent d'être autorisés à se dire "oui" les uns aux autres.

Maintenant, ça suffit, avons-nous décidé à l'été 2018. Nous avons ainsi choisi de confronter le Parlement aux réalités de l'amour. Parce que le jeudi 6 juillet, la Commission des affaires juridiques du Conseil national s'est réunie pour délibérer sur le Mariage pour toutes et pour tous. À ce moment, les élu·e·s ont eu l'occasion de faire enfin un pas en avant vers la réalité et de définir des propositions concrètes pour la mise en œuvre. Nous ne voulions pas rater ce moment et, surtout, nous ne voulions pas que le dossier soit à nouveau reporté. Et nous y sommes parvenus. 

Sous le soleil battant, serrées dans leurs robes, les fleurs dans leur main sont en train de flétrir : au milieu des baigneurs d'un établissement balnéaire bernois, un couple de mariées en robes blanches attend sur des chaises-longues. Les couples attendaient, parce qu'ils devaient attendre : Le passage devant le bureau de l'état civil leur est toujours interdit.

L'action puissante de l'image a constitué le prélude de notre action #LaSuisseAttend. A partir des réactions des baigneurs, nous avons produit une vidéo avec une caméra cachée pour montrer à quel point la situation actuelle est absurde. Nous avons distribué des faire-part de mariage avec la mention "Date inconnue. Pour des raisons politiques" et a demandé au peuple de signer notre pétition pour le Mariage pour toutes et pour tous. 

Avec le hashtag #LaSuisseAttend, nous avons lancé une vague rose de réseaux sociaux : des femmes et des hommes de toute la Suisse ont posté des photos d'eux-mêmes sur Twitter, Facebook et Instagram. Le message : nous attendons tous quelque chose tous les jours. Mais imagine-toi d'aimer quelqu'un et de devoir attendre cinq ans pour le mariage pour toutes et tous. L'action a attiré beaucoup d'attention et d'innombrables célébrités comme Nemo, Lo&Leduc ou Tamynique ont posté des photos et des déclarations. 

Le 6 juillet, le pas vers l'avenir a été franchi : le mariage devait être ouvert aux couples de même sexe, y compris l'accès à l'adoption. La Commission des affaires juridiques du Conseil national a ouvert la voie à la mise en œuvre de l'initiative parlementaire "Mariage pour tous" des Vert'libéraux. Elle a adopté par 14 voix contre 11 en faveur d'une approche séquentielle en deux ou plusieurs étapes, comme l'ont déclaré les services parlementaires.

Il s'agit d'un petit pas, mais en même temps, d'autres mesures ont été annoncées. Opération Libero ne démordra pas à l'avenir, afin que les choses puissent aller de l'avant. 

Comment appelez-vous le processus suivant : invoquer un problème, puis susciter des craintes afin de trouver des solutions inutiles à un problème inexistant pour recueillir des voix ? Populisme. 

Les efforts déployés en Suisse et ailleurs en Europe pour interdire le port du voile ou de la burqa en sont le symbole. Et malheureusement cela va plus loin : l'interdiction de la burqa est dirigée contre une constitution libérale, l'autodétermination des femmes et contre une société plurielle. 

Pas besoin d'aimer la burqa pour être contre une interdiction de la burqa. Malheureusement, c'est difficile à transmettre, car la vue d'une burqa peut être aliénante et une interdiction peut sembler tentante dans de larges sphères de la société. C'est précisément la raison pour laquelle Opération Libero s'est saisie cette question : Même si nous sommes conscients que cette bataille est difficile à gagner, nous voulons défendre les droits fondamentaux, les valeurs libérales et combattre le culte des interdictions. 

C'est aussi la raison pour laquelle, malgré le défi de la campagne contre l'initiative "pour l'autodétermination" avec peu de moyens, nous avons intégré en septembre 2018 le vaste "Comité contre la culture de l'interdiction". Avec les Jeunes Verts, les Jeunes Vert'libéraux, les Jeunes libéraux-radicaux, la Jeunesse socialiste, les Verts, le PS et les Vert'libéraux saint-gallois, nous nous sommes battus contre une interdiction de dissimuler le visage à Saint-Gall. Conscients que cela allait être difficile.

Avec des affiches, des flyers et des argumentaires, nous nous sommes battus contre la réglementation du code vestimentaire dans le canton de Saint-Gall. Car quiconque veut restreindre les libertés des citoyennes et citoyens a besoin d'une très bonne raison. Malheureusement sans succès : l'interdiction de la dissimulation du visage a été acceptée - contrairement au canton de Glaris, où l'année dernière nous nous sommes battus avec succès contre une interdiction de la burqa avec le "Glarner Bürgerkomitee" : Glaris a clairement rejeté la culture de la prohibition avec deux tiers des voix à la Landsgemeinde.

Tant l'engagement à Saint-Gall qu'à Glaris étaient importants. Nous en tirons de nombreuses leçons ainsi qu'un esprit combatif pour la lutte à venir contre l'interdiction nationale de la burqa. Parce que ce ça doit être clair : même si ça va être difficile, quelqu'un doit se battre.

L'initiative "pour l'autodétermination" bat son plein au moment de la publication du rapport annuel. C'est la raison pour laquelle - même si une grande partie du travail à ce sujet se situe dans le délai prévu dans le présent rapport annuel - nous ne serons pas en mesure d'en rendre compte de manière exhaustive et concluante avant l'année prochaine.

Fidèle à la devise 'le meilleur pour la fin' : voici le rapport financier.

Mais non, sérieusement, c'est vraiment excitant. Car nos revenus sont entièrement constitués de dons et de cotisations. Et la somme devient de plus en plus grande.

Nous sommes heureux des nombreux dons qui rendent chaque jour notre travail possible et légitime. Les dons de nos soutiens déterminent ce que nous pouvons soutenir et dans quelle mesure. L'équation est simple : plus nous recevons, plus notre campagne peut prendre de l'ampleur.
Au début de chaque campagne, nous espérons obtenir le plus de soutien possible pour réaliser toutes nos idées folles.  

Ce fut notamment le cas avec la campagne "No Billag", lorsque nous avons décidé, fin 2017, de participer à la campagne de votation. Et nous étions méga-stressés quand nous avons lancé la campagne. Tout ce qui a suivi était fou ! A la fin du mois, nous avions déjà récolté un peu plus de 500'000 CHF, nous avons pu augmenter sans cesse notre budget initial et penser encore plus en grand, annoncer davantage, réaliser pour la première fois de la publicité sur les remontées mécaniques.

Cela nous rend incroyablement fiers et nous renforce chaque jour dans notre travail, en sachant que nous travaillons pour ce qui est juste. Et nous sommes particulièrement fiers que la majorité des dons soient de petits dons allant jusqu'à 250 francs.

Nos comptes sont affichées sur notre site Web conformément à nos directives en matière de dons et sont mis à jour chaque trimestre. Ainsi, tout le monde peut toujours voir la composition de notre structure de dons et comment nous dépensons l'argent.  

Par exemple, si nous regardons la campagne contre "No Billag" (pour toute sa durée), notre structure de dons des 5288 dons reçus est la suivante :

Et si nous regardons les trois premiers trimestres de 2018 et si nous additionnons tous les 4874 dons que nous avons reçus pendant cette période, qu'ils soient non liés ou affectés à une campagne, l'image suivante se dessine :

Dans l'ensemble, c'est-à-dire pour l'ensemble des dons, nous pouvons dire avec fierté que les petits dons (jusqu'à CHF 250.- inclus) représentent plus de 95% de nos dons.

Ainsi, l'Équipe de demain est avant tout une équipe de petits donateurs - et donc indépendante et incorruptible.